Le bonheur façon challenge, épisode 01



Louise n’arrivait pas à détacher ses yeux du cadavre sous ses yeux.

« Je sais ce que tu as fait » était gravé à même la peau.

Ce n’était certes pas son premier mort, mais c’était son premier assassiné. Du moins, c’était l’hypothèse qu’elle venait de formuler dans son esprit en voyant les stigmates du médecin légiste.

Elle allait encore passer un temps phénoménal pour masquer le Y inscrit sur le torse du jeune homme afin de le rendre présentable pour ses obsèques.

Louise songea qu’il devait être sacrément canon quand il était vivant. Chevelure souple châtain, mâchoire large, pommettes saillantes, lèvres charnues, le visage parfait pour une publicité de parfum. Le reste de son intimité était dissimulée sous un drap blanc mais si le bas était à l’image du haut…

Louise se mordit les lèvres pour ne pas sourire. Elle évitait en toute circonstance de se moquer des défunts, tout comme elle ne le faisait pas avec les vivants.

Mais, comme à son habitude, elle paria sur la couleur des yeux de son « client ». Verts, ils étaient forcément verts. Avec un petit éclat doré malicieux…

Elle approcha sa main de la paupière droite du mort mais au moment où ses doigts effleurèrent la peau, Louise fut surprise de constater que le corps dégageait une certaine chaleur.

Etrange… Elle retint son mouvement et attendit.

Le jeune homme ouvrit les yeux en lâchant un sonore « bouh » qui fit hurler Louise. D’un bond, elle recula, une main sur le cœur.

Quand elle retrouva son souffle, elle entendit rire à l’extérieur de la salle de préparation.

Louise se précipita et ouvrit la porte :

— Tu fais chier, Ben, avec tes conneries de gamin attardé ! invectiva-t-elle en essayant de frapper le jeune homme, hilare.

Mais celui-ci esquiva le coup.

— Oh ça va sœurette ! rit Benjamin en se tenant les côtes. Avoue que ça va être dur de faire un meilleur poisson d’avril l’année prochaine…

— Tu me le paieras, siffla Louise en retournant vers la table. Et vous aussi !

Le jeune homme se redressa avant de sauter de la table en inox. Sans retenir le drap qui glissa sur le sol carrelé le laissant nu comme un ver.

— Laisse-moi te payer un verre pour me faire pardonner…

Louise acceptera-t-elle l’invitation ?

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